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La voie des petites morts
21 août 2023

Au delà du rivage


Le passage dans la hutte n'a rien d'extraordinaire, car il s'agit bien d'y entrer à genou, de baisser la tête et de s'y infiltrer progressivement jusqu'à y trouver sa place. 

Une fois posé, il est possible de prendre la mesure au sein du cercle, afin d'explorer la position assise, en observant l'intérieur de la hutte et finalement de revenir à son centre, là où les pierres incandescentes y sont déposées. 

L'espace y est réduit, austère,  offrant une base au développement des perceptions, à partir de la mémoire du corps, des histoires de vie, des champs émotionnels, et des pensées qui en résultent.

Tout y est inclus dans la plus grande simplicité. Tout y est de fait très sincère. C'est ici un socle disponible à l'observation, depuis l'intérieur vers l'extérieur, également vers l'intérieur. 

A ce stade, le processus d'introspection se déclenche inéluctablement. Aussi toute forme d'évitement, de distraction et de fuite est déjà intégrée au sein de ce processus. Il invite à cheminer avec la totalité des bagages soutenant les projets et ambitions. 

Il n'est alors rien qui puisse échapper à l'attention de l'observateur, constitué des cinq éléments, eau, feu, air, terre, conscience. Cette attention témoigne de chaque situation, chaque mouvement, chaque son, chaque silence aussi, de tout ce qui est en somme. Car elle évolue par l'écoute, libérant l'espace de toute forme d'interprétation. 

C'est ici le rivage !

Le lieu qui accueille les naufragés et le naufrage,  avant même de devenir la rive qui invite à sauter dans la rivière inconnue, à y plonger, les yeux fermés sans doute dès l'impulsion, l'esprit ouvert dès la rencontre avec la profondeur.  

Cette rivière est agitée, pleine de remous, dévalant inévitablement vers des chutes en cascades. La pression est tellement forte ! Qu'il est impossible de s'accrocher à une branche, un rocher, impossible d'y imposer toute forme de résistance.  Le courant emporte avec lui tout ce qui est corps statique. 

Laisser les projections du mental envahir le processus, c'est envisager une mort certaine, à travers la peur et l'effroi qu'elle peut occasionner. Ou bien,  se débattre dans les remous d'une confusion sans limite. Mieux vaut s'abandonner aux mouvements perpétuels de cette rivière traversant l'espace depuis les hauts sommets des montagnes, et terminant sa course jusqu'aux grands océans. 

Lorsque l'eau fusionne avec le feu des pierres,  une vapeur intense imprègne chaque cellule, chaque molécule. Il n'y a nulle part où aller, sauf ! Inévitablement être là où le corps est posé. 

Respirer cette vapeur s'élevant sans cesse du petit cratère central, par toutes les ouvertures du corps, et aussi par chaque pore de la peau. Et suivre cette respiration à travers le sang. Sentir que chaque mouvement enrichit le sang, influant également sur sa bonne circulation. Peu à peu, la vision interne chemine à travers le corps jusque dans sa totalité. 

Chaque pulsation intègre la conscience. L'intensité à l'extérieur s'est infiltrée à l'intérieur. La hutte se fond dans le corps, la parole témoigne de ce qui est, et pour l'esprit, ceci et cela n'ont plus lieu d'être. 

Ni berge, ni rivage, ni rivière, ni cheminement,  ni au-delà !




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